Chronique de Daniel Tramaloni sur " Rouge ou mort " de David Peace chez Rivages
Présentation :
« Et les supporters du Spion Kop jettent leurs écharpes à Bill. Leurs écharpes rouges. Une pluie d'écharpes tombe sur Bill. En guise de remerciement. Toutes leurs écharpes. Leurs écharpes rouges. Et Bill ramasse leurs écharpes. Toutes leurs écharpes. Leurs écharpes rouges. Et Bill noue une écharpe autour de son cou. Une écharpe rouge. Et Bill brandit une autre écharpe. Une autre écharpe rouge. Entre ses poings. Une écharpe. Une écharpe rouge. Tenue bien haut. Entre ses bras levés, En signe de remerciement. » C'est dans un style incantatoire et hypnotique que David Peace raconte l'histoire du Liverpool Football Club lorsque Bill Shankly en prit la direction. Deux noms devenus indissociables. Comment, à force de travail, de rigueur et d'humilité, cet entraîneur peu connu, ancien joueur assez médiocre, a su redonner la foi à un club englué en deuxième division, reconnaître chez ses supporters une énergie à déplacer les montagnes, métamorphoser un vieux stade décrépit en temple du football et faire de Liverpool un grand d'Europe. Car derrière l'épopée du championnat, des coupes d'Angleterre et d'Europe, des trophées et de la gloire, c'est l'histoire sociale de la Grande-Bretagne que David Peace continue à disséquer. C'est pourquoi Rouge ou mort à séduit, outre Manche, un immense lectorat, y compris féminin, bien au-delà des amateurs de football et de sport. Pour la presse anglaise, David Peace confirme avec ce roman son statut d'écrivain britannique « le plus sauvage, le plus expérimental et le plus inclassable » (The Indépendant).
Pour la première fois, je laisse la parole à un client de notre librairie, Daniel Tramaloni :
Amateurs de romans noirs, vous avez certainement déjà lu quelque chose de David Peace. Son « Quator du Yorshire » est le pendant anglais de la trilogie californienne de James Ellroy. Il y décrit avec une rare acuité ce morne nord de l’Angleterre, où sévit un tueur en série au cours des années 70 pendant que la classe ouvrière se débat pour ne pas disparaitre, engluée dans la boue locale et les difficultés liées à la montée de la politique de Margaret Tatcher. Un vieux pays qui dominait le monde avant la première guerre mondiale se meurt en laissant abattre des pans entiers de ce qu’il fut. Depuis quelques années, David Peace enseigne la littérature anglaise à Tokyo et il en a profité pour ajouter une « Trilogie japonaise », toujours aussi sombre, à son palmarès. |