Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
librairie jaubert allée louis gardiol 04500 Riez- tel: 04.92.77.84.60
29 juillet 2015

Chronique de Daniel Tramaloni sur " Rouge ou mort " de David Peace chez Rivages

9782743628697_1_m

Présentation :

« Et les supporters du Spion Kop jettent leurs écharpes à Bill. Leurs écharpes rouges. Une pluie d'écharpes tombe sur Bill. En guise de remerciement. Toutes leurs écharpes. Leurs écharpes rouges. Et Bill ramasse leurs écharpes. Toutes leurs écharpes. Leurs écharpes rouges. Et Bill noue une écharpe autour de son cou. Une écharpe rouge. Et Bill brandit une autre écharpe. Une autre écharpe rouge. Entre ses poings. Une écharpe. Une écharpe rouge. Tenue bien haut. Entre ses bras levés, En signe de remerciement. » C'est dans un style incantatoire et hypnotique que David Peace raconte l'histoire du Liverpool Football Club lorsque Bill Shankly en prit la direction. Deux noms devenus indissociables. Comment, à force de travail, de rigueur et d'humilité, cet entraîneur peu connu, ancien joueur assez médiocre, a su redonner la foi à un club englué en deuxième division, reconnaître chez ses supporters une énergie à déplacer les montagnes, métamorphoser un vieux stade décrépit en temple du football et faire de Liverpool un grand d'Europe. Car derrière l'épopée du championnat, des coupes d'Angleterre et d'Europe, des trophées et de la gloire, c'est l'histoire sociale de la Grande-Bretagne que David Peace continue à disséquer. C'est pourquoi Rouge ou mort à séduit, outre Manche, un immense lectorat, y compris féminin, bien au-delà des amateurs de football et de sport. Pour la presse anglaise, David Peace confirme avec ce roman son statut d'écrivain britannique « le plus sauvage, le plus expérimental et le plus inclassable » (The Indépendant).


Pour la première fois, je laisse la parole à un client de notre librairie, Daniel Tramaloni :

Amateurs de romans noirs, vous avez certainement déjà lu quelque chose de David Peace. Son « Quator du Yorshire » est le pendant anglais de la trilogie californienne de James Ellroy. Il y décrit avec une rare acuité ce morne nord de l’Angleterre, où sévit un tueur en série au cours des années 70 pendant que la classe ouvrière se débat pour ne pas disparaitre, engluée dans la boue locale et les difficultés liées à la montée de la politique de Margaret Tatcher. Un vieux pays qui dominait le monde avant la première guerre mondiale se meurt en laissant abattre des pans entiers de ce qu’il fut.

Depuis quelques années, David Peace enseigne la littérature anglaise à Tokyo et il en a profité pour ajouter une « Trilogie japonaise », toujours aussi sombre, à son palmarès.
Quels autres sujets pouvaient bien éveiller l’intérêt de cet auteur ? Que peut-on apprécier quand on nait sur les rives de la Mersey River ? De quoi parlent votre père, votre famille et tous vos potes en descendant des pintes de bières tout au long de la soirée ? De foot, bien sur … Les Anglais ont inventé le football il y a bien longtemps déjà et, bien plus que pour le supplice de Jeanne d’Arc à Rouen, nous nourrissons à cause de cela un coupable sentiment envers eux. C’est donc un sujet qui ne pouvait échapper à David Peace, tant le foot est ancré dans la tradition ouvrière du nord de l’Angleterre. Il a ainsi publié « 44 jours » qui est tout simplement un percutant thriller psychologique relatant le passage éclair de Brian Clough à la tête de l’équipe de Leeds United. Pour ceux qui l’ignorerait, Brian Clough a remporté deux fois la coupe d’Europe des clubs champions avec l’équipe de Nottingham Forest en 1979 et 1980. Ancien buteur grièvement blessé au moment où sa carrière prenait son envol, considéré comme perdu pour le foot, provocateur, alcoolique, déjanté comme seuls savent l’être les sujets de sa très Gracieuse Majesté, le « José Mourinho » britannique était un personnage comme l’auteur les aime. Tellement que ce livre est une vrai réussite.
Poursuivant dans sa veine footballistique, David Peace voulait cette fois, selon son propos, « faire un livre sur un type bien ». En toute simplicité, il a choisi de chanter la gloire d’une véritable légende du foot anglais : Bill Shankly. C’est un de ces Ecossais à l’accent chantant et au caractère bien trempé dans la tradition de vaillance de ce peuple du nord des Iles Britanniques. Il y a du William « Braveheart » Wallace chez ces hommes-là. Né en 1913 à Glenbuck, au fin fond de l’Ecosse, mineur de fond dès la fin de l’école primaire, puis footballeur de bon niveau ; sa plus grande fierté est d’avoir porté le maillot de l’équipe nationale et d’avoir battu l’Angleterre 1-0 en avril 1938. La seconde guerre mondiale le voit servir au sein de la RAF et mettre un terme à sa carrière de joueur.
Mais Bill Shankly vit football, pense football, mange football, respire football. Il ne peut faire autrement que devenir entraineur. Après avoir obtenu de bons résultats avec des équipes de seconde zone, il se porte candidat en 1959 au poste de manager de Liverpool FC quand l’équipe s’essayait à monter en première division. Arrivant dans un club où tout est construire, il s’appuie sur ses exceptionnelles qualités de meneur d’hommes et met toute son énergie au service de son équipe : les Reds. Montrant l’exemple à ses joueurs, n’hésitant jamais à se confronter à ses dirigeants, faisant participer toute son équipe d’adjoints à ses décisions, il conduit les Reds avec fermeté vers l’objectif fixé. D’abord la première division, puis les titres nationaux, enfin la reconnaissance sur la scène européenne. Bill Shankly se soucie peu du reste, et l’auteur se fait le chantre d’un saint qui voue, en toute simplicité, sa vie au football. D’ailleurs comme il l’affirme lui-même : « Le football, ce n’est pas une question de vie ou de mort. C’est bien plus important que cela ».
Dans ce texte, David Peace fait le choix d’un style hypnotique et lancinant, tout entier destiné à décrire un homme dont la vie n’a été qu’une longue et unique prière au Dieu football. Et le bougre réussit son coup. Vous ne pourrez pas lâcher ce pavé de presque 800 pages avant de l’avoir terminé. Et si la répétition des effets de style vous donnera parfois la nausée, les qualités de l’homme et du manager vous laisseront admiratif. Et l’auteur fait de Bill Shankly un homme qui accepte de vivre une vie simple au service d’autres hommes pour en faire des géants. Et vous vivrez l’épopée du Liverpool FC, au fil des saisons, sans que jamais l’ambition de Bill Shankly ne faiblisse, jusqu’à ce que ...

 

Publicité
Publicité
Commentaires
N
La surprise de trouver ce commentaire passionné aujourd'hui seulement...<br /> <br /> tes conseils de lecture nous manque ! <br /> <br /> tu nous manques.<br /> <br /> Nadia Tramaloni
Répondre
librairie jaubert allée louis gardiol 04500 Riez- tel: 04.92.77.84.60
Publicité
Archives
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 51 313
Publicité